Après notre critique du premier tome de la "nouvelle" série BPRD, nous poursuivons la découverte de cet univers avec un second ouvrage du même univers paru en décembre : le premier tome de Witchfinder. Mike Mignola et Ben Stenbeck nous proposent un voyage dans le passé de l'univers Hellboy plutôt réussi !
Publiée en 2009, Witchfinder nous emmène en pleine ère victorienne au coeur de Londres. Nous y découvrons les pérégrinations de Sir Edward Grey, citoyen a priori normal anobli par la Reine d'Angleterre après lui avoir sauvé la vie... d'une créature mystique bien entendu.
Contrairement aux aventures du Bureau for Paranormal Research and Defense, celles de Grey sont très proches de celles de Hellboy. Nous retrouvons aussi dans cette série de fortes inspirations de l'univers du romancier H.P. Lovecraft.
L'histoire développée dans cet ouvrage démarre d'une série de meurtres perpétrés de manière très étrange, les victimes semblant avoir été véritablement vidées de leur sang. Ce qui marque d'emblée est le fait que Mike Mignola prenne son temps, il ne cherche pas à précipiter les choses. Cela dit, avant même la fin du premier numéro, le lecteur se retrouve happé par l'enquête; cette dernière se montrera d'ailleurs passionnante de bout en bout et son déroulement extraordinairement bien maîtrisé. Nous y retrouvons les éléments habituels de l'univers Hellboy : sorcières, démons et occulte. On y découvre son passé, mais également celui du protagoniste de la série.
Il faut d'ailleurs avouer que ce Sir Edward Grey est assez intrigant. Avec sa petite ressemblance à Edgar Allan Poe, son passé trouble et le fait qu'il ait été anobli par la Reine, tous ces éléments passioonnent le lecteur et sont autant de détails distillés au fur et à mesure de l'intrigue qui font qu'il est absolument impossible de décrocher le nez du livre. Mike Mignola n'oublie pas de saupoudrer le tout d'un peu de romance afin de nous faire oublier le fait que la menace qui plane sur Londres est assez horrible. Cela ne fait bien sûr que renforcer l'impact des scènes durant lesquelles l'action s'emballe.
Mais au final, même si Sir Grey a un flegme à toute éprueve typique des britanniques, ce qui nous retiendra devant ce comics, c'est bien entendu le fait que malgré l'expertise qu'il semble posséder, il se retrouve plongé dans une affaire qui le dépasse un peu. Il semble par moment ne pas avoir les bonnes armes pour faire face, et cette relative fragilité nous interpelle, provoque de l'empathie et une identification au personnage possible.
Eh oui, car aussi agréables Hellboy ou BPRD soient elles à lire, elles restent des séries mettant en scène des protagonistes extraordinaires. Voir évoluer un humain tout à fait normal dans cet univers paranormal nous touche d'autant plus.
Il faut cependant mettre en avant le fait que Mignola et Stenbeck font tout pour nous faire accrocher à ce récit. En effet, ils nous proposent une vision de Londres sublimée - voire même fantasmée. Londres est à cette époque la ville la plus représentative du succès de la Révolution Industrielle, mais elle reste connu pour être le théâtre d'événements aussi sordides que les meurtres de prostituées par le terrible Jack l'Eventreur... Ou pour avoir accueilli le plus fameux des détectives : Sherlock Holmes. Bref, cette ville à cette époque reste une étape majeure de l'histoire occidentale, et c'est cette vision désormais un peu fantasmée qui sert de scène à l'histoire développée dans ce comics. Witchfinder, c'est en fait en quelque sorte la rencontre entre Sherlock Holmes et Lovecraft. La mise en scène de l'environnement n'est pas exagérée, mais on ressent une passion pour cette ville à travers l'oeuvre des deux créateurs, les vues éloignées, les scènes sur les toits ou dans les souterrains de la ville sont autant de petite scènes permettant de s'en rendre compte.
Il y a aussi un élément attrayant pour les habitués de cet univers à mettre en avant. Mike Mignola ne cesse de rappeler le lien très étroit qu'entretien cette série avec les autres. Il est en plus très intelligent puisque ces dernières ne sont absolument pas pénalisantes pour les nouveaux venus qui éprouveront un grand plaisir à découvrir cette histoire. Les lecteurs assidus en retireront en tout cas un véritable bénéfice puisque cette histoire vient enrichir de bien belle manière la mythologie Hellboy avec de nombreuses confirmations d'éléments précédemment parsems dans les autres série.
Terminons cette critique avec un petit mot sur l'édition, qui comme toujours avec delcourt est exemplaire. Le récit principal est complété par une postface de deux pages plutôt intéressantes, deux histoires courtes tirées respectivement de Dark Horse Present et du recueil VO Hellboy : la Grande Battue. Ces dernières sont simples mais rudement efficaces, elles viennent donc clore l'histoire en beauté en y apportant des éclaircissements. Des croquis commentés d'élaboration des personnages, objets et lieu viennent compléter le tout.
La recette est donc assez imparable, Mike Mignola et ben Stenbeck vous proposent de découvrir les aventures d'un héros profondémpent humain dans un univers paranormal, et plus particulièrement, dans la vision fantasmée d'une ville caractéristique d'une période historique. Ils y ajoutent de l'action et un soupçon de romance, pour vous offrir le hors d'oeuvre parfait avant la découverte de l'univers Hellboy plus général.
[conclusion=4,5][/conclusion][onaime]- L'humanité du personnage principal
- Londres magnifiée
- Les apports à la mythologie Hellboy[/onaime][onaimepas]- Un rythme qui s'accélère presque trop sur la fin[/onaimepas]
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