[Review VF] Daredevil par Frank Miller 1

[Review VF] Daredevil par Frank Miller 1

Le premier numéro de Daredevil introduisant le personnage a été publié en 1964. Il est l’œuvre de Stan Lee bien entendu, et de Bill Everett, aidé par Jack Kirby. Mais pour beaucoup, on peut rajouter un autre auteur qui a façonné le personnage : Frank Miller. En effet, celui-ci a radicalement modifié le héros, et a marqué la série de sa patte. Pourtant, à l’époque, il était très jeune et peu connu. Nous sommes là dans ce qui a fait l’histoire des comics. Quand vous demandez à un connaisseur quel comics de Daredevil lire, il vous conseillera probablement ce run de Miller. Et l’impact a été bien plus important que ça, c’est le monde des comics dans son intégralité qui a été touché par cette nouvelle génération d’auteurs dont Miller faisait partie. Le problème des récits cultes, c’est que parfois, ils vieillissent mal, et même s’ils restent cultes, les lire maintenant n’a plus de sens, et surtout ils peuvent perdre leur crédibilité. Ce qui est intéressant, c’est donc de voir si aujourd’hui encore, le run de Miller tient la route. Panini l’avait déjà publié dans trois intégrales sorties de 2003 à 2005 depuis quelques temps introuvables. L’éditeur l’a donc choisi pour sa nouvelle collection Marvel Icons. Cette fois, l’intégralité du run tiendra en deux albums, le second étant d’ores et déjà prévu pour le 8 octobre. Mais intéressons-nous maintenant au sujet de la critique, c’est-à-dire le premier tome qui est sorti le 20 août dernier.


 
 

Après divers boulot de scénariste ou dessinateur, Frank Miller entre chez Marvel, et se retrouve notamment dessinateur sur deux épisodes de The Spectacular Spider-Man , dans lesquels le tisseur rencontrait Daredevil. Il voit le potentiel du héros et demande à Marvel à travailler sur sa série. Il arrive au dessin de la série Daredevil sur le numéro 158 en 1979, puis en 1981, il s’occupe aussi du scénario. Ce Marvel Icon commence justement à partir de ce moment, par le numéro 168. Frank Miller n’a que 24 ans, et se retrouve avec le destin d’un héros Marvel entre ses mains. La pression n’est pas très grande, puisque la série était tout de même en perte de vitesse. Dans le premier numéro qu’il écrit, il va introduire un nouveau personnage : Elektra. Petite amie de Matt Murdock pendant ses études, elle disparaitra suite à l’assassinat de son père. Elle devient mercenaire, et revient dans la vie de Matt/Daredevil. Le personnage est aujourd’hui pratiquement aussi connu que Daredevil lui-même. Le numéro suivant remet Bullseye sur le devant de la scène, et le troisième nous montre le Caïd. Alors, aujourd’hui, on ne s’étonne pas vraiment que ce personnage soit là, car c’est le principal adversaire de Daredevil depuis… Hé bien depuis ce run. En effet, c’est la première fois que le personnage apparait dans la série Daredevil. On le trouvait avant dans Spider-Man. Et ce n’est pas tout, si certains éléments de l’univers de Daredevil vous semblait acquis depuis longtemps, n’oubliez pas que certaines choses ont été intégrés par Miller. Il a créé le personnage de Stick par exemple, celui qui a appris à Matt à contrôler ses pouvoirs. La Main fait aussi sa première apparition dans l’univers Marvel dans ce run.


 
 

On touche clairement ici à l’Histoire de Daredevil. Peut-être avez-vous lu des récits récents du héros ? Je pense plus particulièrement au travail de Bendis, de Brubaker et de Diggle. Sachez que la plupart des éléments de ces histoires puisent directement leurs sources dans ce qu’a fait Miller. C’est incroyable de se dire que, une vingtaine d’années plus tôt, un auteur avait tout compris. Pour cette raison, ce tome est intemporel. Le lire aujourd’hui est beaucoup moins difficile que de lire d’autres parutions de l’époque. L’autre chose qui est passionnante, c’est qu’aujourd’hui, Frank Miller est un auteur renommé. On ne présente plus son travail sur Batman ou sur ses Sin City. Dans ce bouquin, il débute, et on voit qu’il n’est pas forcément très sûr de lui, du moins dans les premiers numéros. Son dessin manque un peu de précision, et sa narration ressemble beaucoup à ce qui se faisait à l’époque. Cependant, l’album contient 14 épisodes qui se sont étalés à l’époque sur plus d’une année. Il est donc formidable de voir le style de Miller évoluer, et se diriger vers l’auteur que l’on connait si bien. Son trait s’affine, se démarque, et surtout son scénario devient sombre avec des thèmes que l’auteur réutilisera dans d’autres œuvres.


 
 

La tragédie, et les personnages écorchés, sont des thèmes chers à Frank Miller. Dès le début, on le verra les exploiter puisqu’Elektra a vu son existence sacrifié. L’autre exemple est le personnage du Caïd repris par l’auteur. Il en fait un magnifique personnage de tragédie, mais le rend aussi plus humain que jamais avec la relation qu’il entretient avec sa femme. Jamais ce personnage n’avait été si passionnant à suivre, ni même si humain. Miller va aussi donner sa vision de la ville : elle devient personnage à part entière, glauque et injuste. Si l’auteur semblait timide en début d’album, vers la moitié il se lâche, son style s’affirme, il ose plus des histoires. Il change de point de vue : on rentre dans la tête de personnages différents de Daredevil, notamment Ben Urich ou Bullseye. Il y a aussi de longs combats sans aucune bulle de dialogue, ce qui les rend beaucoup plus percutants. De plus, si Miller commence avec un Daredevil plutôt classique, il va dériver vers le mysticisme, dans le légendaire et les mythes japonais notamment. C’est un tournant dans l’histoire du héros qui a eu des détracteurs à l’époque, mais ça a relancé la série sur le point d’être annulée. Bref s’il est évident que cet album est culte, et que tout fan de Daredevil se doit de l’avoir lu, les autres peuvent tout de même être intéressés. Peut-être que le plus dur est de s’habituer à la colorisation de l’époque, parce que oui, les moyens étaient différents, et on ne pouvait pas avoir ce qu’on a aujourd’hui. C’est bien la seule chose qui pourrait vous freiner.
 

 
 

En plus de la série principale, Panini nous met un numéro de Marvel Team-UpSpider-Man rencontre Daredevil, Moon Knight, Iron Fist et Power Man. Même si le récit est écrit par Frank Miller, ce n’est franchement pas génial. Ça se laisse lire, c’est gentillet, mais on aurait pu s’en passer. Ça reste un bonus agréable. L’album contient aussi un What if?, série qui raconte une version alternative de certaines histoires. Et cette fois, c’est les origines de Daredevil qui sont revisitées. Miller co-scénarise et dessine, et c’est finalement plutôt sympa à lire, même si très court. C’est plutôt une bonne idée de nous fournir d’autres travaux de Miller sur Daredevil. Parlons maintenant de l’album en lui-même. Vous avez probablement déjà vu à quoi ressemblait un Marvel Icon, c’est la même chose ici. Les pages mates conviennent parfaitement à ce style d’histoires avec une colorisation à l’ancienne. Niveau éditorial, on a une bonne introduction qui permet de bien situer l’histoire et l’auteur. La traduction est globalement très correcte, bien que parfois maladroite (théâtre au lieu de cinéma pour le mot anglais theatre). Je n’ai noté qu’une grosse erreur (« Où il a passé ? ») et qu’une inversion de bulles. Il manque aussi des numéros de pages, et un sommaire avec ces numéros pour s'y retrouver. Après, apparemment, certains trouvent le prix élevé : il ne l’est absolument pas, ce sont les prix. Chez la concurrence, on a Sandman à la pagination équivalente au prix de 35€.  Bref aucune raison de ne pas se faire plaisir !
 

 

En Résumé

LES POINT FORTS

- L'évolution de Frank Miller
- Les nouveaux personnages
- La modernité du récit

LES POINT FAIBLES

- Une colorisation légèrement datée ?

5

Cultissime

Conclusion

Je mets rarement cinq étoiles, car je ne crois pas à la perfection, sauf si le temps, la renommée et la dimension que prend l’œuvre gomment les imperfections. C’est le cas ici. Le récit est culte, mais son statut n’est pas usurpé : le relire aujourd’hui est toujours aussi passionnant. Malgré quelques raccourcis, Frank Miller a écrit une histoire forte, et très moderne, qui a inspiré de nombreux auteurs par la suite. Bref, une histoire à avoir absolument dans sa bibliothèque !

 

Partagez cet article !
Ça peut vous intéresser
Les Omnibus Panini Comics début 2025

Les Omnibus Panini Comics début 2025

13 Septembre 2024

De quoi vous muscler les bras !

Récap des Big News Panini pour le premier trimestre 2025

Récap des Big News Panini pour le premier trimestre 2025

12 Septembre 2024

Toutes les annonces de l'éditeur

L’avenir des X-men en softcover dévoilé par Panini Comics

L’avenir des X-men en softcover dévoilé par Panini Comics

09 Septembre 2024

La même formule, juste le nom change

  • Kit_Fisto
    Kit_Fisto

    il y a 10 ans

    Merci pour cette review plus que bonne. C'est vrai qu'on peu critiquer Miller sur ce qu'il est actuellement mais purée qu'il faisait du bon comics dans les année 80 ...Grâce à lui DD et Batman ont désormais des classiques !!!

  • Yanlejedi
    Yanlejedi

    il y a 10 ans

    J'aimerai vraiment avoir ce comics mais le prix est un obstacle :/ Mais bon, pour avoir un si bel ouvrage, il faut savoir sacrifier ses économies :)