Il y a deux semaines, je voulais vous teaser pour savoir ce qui vous intéresserait le plus entre Mark Millar et les Nextmen. J'attendais tellement de réponses du genre: "Ouais, Mark Millar, ça va défoncer" que quand
coconut 71 a commenté "Un numéro sur Next men ! Ça c'est bon !", j'ai pensé:
fonce Fitz. De toute façon, Nemesis tout le monde dit que c'est nul.
Donc aujourd'hui, vous aurez droit à un numéro sur les
Nextmen de
John Byrne ou autrement dit : les X-men en bien, plutôt qu'un focus sur un énième titre de Mark "je fais des trucs polémiques" Millar.
En 1986, John Byrne a 36 ans. Il a rejoint Marvel quand il en avait 25 pour travailler entre autres sur les
X-men, Avengers, ou
Alpha Flight, d'abord comme dessinateur puis petit à petit comme scénariste. Son run de six ans sur les
Fantastic Four est d'ailleurs devenu culte.
En 1980, il commence à travailler pour DC et l'éditeur lui confiera six ans plus tard le relaunch de
Superman suite aux évènements de Crisis on Infinite Earths. C'est à cette période qu'il propose un nouveau titre inspiré d'un de ses dessins pour un portfolio publié en 1986. DC refusera poliment la série pour des raisons que nous évoquerons plus tard.
Après un retour chez Marvel à cause d'une mauvaise entente avec DC, il subit la crise qui secoue le monde des comics au milieu des années 90 et se retrouve chez le nouveau
Dark Horse à qui il propose également son pitch, qui deviendra une série régulière.
Depuis, l'homme peut se vanter d'avoir travaillé sur tous les titres majeurs de la profession, créé
des personnages mythiques (Demon, Kitty Pride), et surtout d'être un artiste légendaire dont les dessins sont toujours une référence.
En 1991 paraissent les premières pages de Nextmen dans le magazine
Dark Horse presents. Ces quelques panels représentent le numéro #0 de la série qui débutera en 1992.
L'histoire que John Byrne a proposée à DC était celle d'un groupe de surhumains dotés chacun de capacités exceptionnelles. À son arrivée à Dark Horse, il adapte son script pour qu'il fonctionne comme une suite à son roman graphique
2112. Dans ce dernier, l'action était futuriste et tournait autour d'un groupe de super soldats affrontant un ennemi nommé Atrocitus.
Dans le numéro #1, on découvre un univers paradisiaque habité par cinq habitants :
Nathan, Jasmine, Bethany, Jack et Danny. Ce groupe est très soudé et vit avec bonheur dans cet espace qu'ils appellent le "jardin".
Sauf qu'un jour, Jack se dématérialise et reprend conscience dans un laboratoire, habillé d'une armure métallique et découvre que ses quatre compagnons dorment encore dans cette même tenue. Très vite, il les réveille et ils se rendent tous compte qu'ils sont les cobayes d'une expérience à laquelle ils ne comprennent rien.
Tony Murcheson, une agente du gouvernement est présente sur le site à ce moment et va les aider à s'échapper de cette base sur-militarisée.
Une fois le calme retrouvé, le groupe va devoir faire face à la réalité : le monde dans lequel ils ont vécu jusqu'ici n'était qu'une illusion et leurs corps servaient de tests pour des expériences secrètes. Ils devront maintenant trouver leur place dans la société, en s'intégrant le plus possible dans cet environnement dont ils ne connaissent rien alors qu'ils sont activement recherchés par plusieurs organisations gouvernementales.
Voilà rapidement pour résumer les premiers numéros de cette série mythique qui atteindra le numéro
#30 en décembre 1994. Vous avez vu une ressemblance avec une certaine équipe de mutants publiée chez Marvel ? Normal, et pourtant les points communs ne s'arrêtent pas là.
On comprend mieux pourquoi DC a refusé l'offre de Byrne en 1986. L'équipe des mutants existait déjà à ce moment et déjà que beaucoup de personnages se ressemblent entre les deux firmes, il n'aurait pas fallu envenimer les choses alors que la franchise commençait à prendre de plus en plus d'ampleur (entre autres grâce à Chris Claremont et Byrne d'ailleurs) pour finalement dominer le marché au début des années 90 avec
Jim Lee au dessin.
Une fois ce succès trouvé pour les X-mens, John Byrne a décidé de jouer à fond la carte de la
copie avec ses Nextmen pour que la comparaison soit évidente mais que le plagiat ne puisse pas être invoqué.
Il donne à Nathan un pouvoir de rayon laser qui lui sort des yeux et à Danny, une super-vitesse clairement inspirés de
Cyclope et
Vif-Argent et les deux équipes affrontent la société et son regard envers leurs pouvoirs et leurs différences mais John Byrne n'a pas à s'embêter des dizaines d'années de continuité qu'ont
Wolverine et ses copains.
Il place son histoire dans un monde actuel et une situation moderne. Le projet Nextmen a des
conséquences politiques énormes et remontera jusqu'à la Maison Blanche. Cette approche plus réaliste lui permet de toucher à des thèmes plus contemporains quitte à délaisser un côté super-héros qui aurait trop rappelé l'original.
Et c'est bien ça qui rend ce titre si bon. Comme pour les X-men, c'est quand les relations entre les personnages est approfondie qu'on préfère lire leurs histoires. Sans trop en dire, les romances ne seront pas faciles, les trahisons seront nombreuses et les retournements de situations encore plus.
Mais il y a plus que la copie réussie dans les Nextmen. Il y a tellement plus.
L'action ne s'arrête jamais. Byrne dynamise encore plus ses pages en commençant toujours les dialogues de la planche suivante à la fin de la précédente. Il multiplie les flash-back et les personnages secondaires pour créer une
densité au scénario comme j'en ai rarement lu. Le rythme est soutenu, très soutenu et les histoires parallèles s'imbriquent toutes dans un ensemble pour finalement se conclure au numéro #30 en apothéose.
Autre point important: le dessin. Quand
Frank Miller vous cite comme un exemple, vous savez que vous avez un certain talent et John Byrne en a énormément. Malheureusement, les couleurs des années 90 ont eu tendance à massacrer ce travail d'orfèvre et à gommer la finesse des détails dont John Byrne remplit ses planches.
On peut lui reprocher une ressemblance entre les faciès des personnages prêtant parfois à confusion mais pour le reste, c'est grandiose. La finesse d'une chevelure ou les dizaines de traits qui constituent une cage métallique donnent plus de réalisme et de crédit au récit.
Alors que le milieu des comics subit une
crise dans les années 90, John Byrne décide de l'illustrer dans sa série et se cite lui-même comme auteur. Il montre un personnage, éditeur de comics, concurrent de DC et Marvel prêt à tout pour le succès et des ventes, qui va manipuler les Nextmen pour en faire une vraie équipe de
super-héros. On peut rire de cette mise en abîme ou y voir une critique du système des deux Big Two.
Le lien avec les comics ne s'arrête pas là puisque dans le #23, c'est
Hellboy qui fait son apparition, pour la première fois, avant que sa propre série ne sorte. John Byrne est co-auteur du premier run du héros de
Mike Mignola et lui a donc laissé présenter sa créature dans les Nextmen avant sa première minisérie en 1994.
Voilà rapidement ce qui fait de Nextmen une oeuvre complète. Il y a encore d'autres références dont je ne vous ai pas parlé ou que je n'ai sans doute pas vues mais les 30 numéros ne sont pas devenus des classique pour rien.
En VO, c'est
IDW qui a récupéré les droits et l'éditeur propose plusieurs collections. Vous pouvez toujours trouver les TPB à des prix abordables regroupés par arc mais surtout des
omnibus en deux volumes regroupant les 30 numéros. Ces derniers existent en couleurs ou en noir et blanc.
En France, le petit éditeur Dante Comics qui détient les droits de tout John Byrne a traduit les omnibus
noir et blanc. Comme je l'ai dit plus haut, les couleurs ont tendance à dater et à nuire au dessin, ces éditions sont donc véritablement le meilleur moyen pour apprécier la série en entier avec les dessins magnifiques de Byrne. En plus, pour seulement 45€, vous en aurez pour environ 1000 pages de lectures.
En 2010,
John Byrne a repris sa série et débuté neuf épisodes chez l'éditeur IDW qui prend la suite de l'histoire là ou il l'avait laissé 15 ans plus tôt. Après cet arc qui se passe hors de la continuité, il a annoncé vouloir terminer sa série avec 10 autres numéros pour la conclure avec le #40.
Dante Comics va d'ailleurs également publier ces histoires très prochainement.
Voilà pour ce Other Comics consacré aux Nextmen. Si vous n'avez jamais eu la motivation pour rentrer dans le monde compliqué des mutants de Marvel, cette série peut être une bonne alternative plus moderne et plus condensée de tous les thèmes qui font le succès du
Professeur X et les autres.
On se retrouve dans deux semaines, d'ici là, les anciens numéros restent accessibles à ces adresse:
Other Comics #1 [22/11/2010]
Other Comics #2 : Vous êtes rebelle et indépendant
Other Comics #3 : The Green Hornet
Other Comics #4 : Spawn
Other Comics #5 : Planetary
Other Comics #6 : The Darkness
Other Comics #7 : Tony Chu
Other Comics #8 : Powers
Other Comics #9 : ABC
Other Comics #10: Transmetropolitan
Other Comics #11: Scott Pilgrim
Other Comics #12: Y Le dernier homme
Other Comics #13: Buffy The Vampire Slayer
Other Comics #14: Star Wars
Other Comics #15: La Tour Sombre
Other Comics #16: The Rocketeer
Écrire un avis
Suite à une recrudescence de commentaires postés par des bots, l'espace commentaire est temporairement réservé aux utilisateurs inscrits.