Alors oui, je vous vous voie venir avec vos remarques du genre: "mais c'est connu Walking Dead, on s'en fout, on connait déjà".
eh bien peut-être mais il y a beaucoup de gens qui souhaitent peut-être s'y mettre et Other Comics est là pour ça. Imaginez que certaines personnes hésitent encore à acheter ce chef d'oeuvre, vous les laisseriez dans l'ignorance. Et bien nous: non!

Alors on profite de la sortie du quatorzième tome de la série éditée par Delcourt pour vous parler de ce carton absolu des ventes en France et Aux États-Unis et pour vous expliquer les raisons de ce raz-de marée.





Pour ceux qui veulent découvrir, vous serez convaincu. Pour les autres, vous pourrez peut-être apprendre deux/trois trucs sur la série.

L'auteur de la mort qui tue

Robert Kirkman est aujourd'hui un des piliers de l'éditeur Image Comics. C'est Walking Dead qui l'a révélé et lui a permis de s'affirmer comme l'auteur de génie qu'il est devenu.
Il commence professionnellement les comics au début des années 2000. Avec Tony Moore, il publie indépendamment la série Battle Pope qui met en scène un pape esthète et bon vivant affrontant des hordes de monstres accompagnés par un Jésus hippie dans le but de repousser l'apocalypse qu'il a lui-même mis en route… Tout un programme donc mais ce titre le fait remarquer et lui permet de proposer une courte histoire sur un personnage tiré de Savage Dragon écrit par Erick Larsen: SuperPatriot.


Il est comme ça Robert, il aime les putois


Avec son ami dessinateur Cory Walker, il écrit quatre numéros, les proposent à Image qui emballé décide de les publier.
Depuis Kirkman a travaillé pour Marvel, Top Cow et d'autres maisons mais il est fondamentalement resté fidèle à Image et c'est à eux qu'il propose ses nombreux projets. Il est aussi le premier à avoir intégré le cercle des "partenaires" de l'éditeur alors qu'il n' a pas participé à sa création en 1988. Preuve ultime que l'éditeur lui fait confiance.
Une fois sa carrière lancée, il a écrit entre autres Ultimate X-Men, Haunt, The Infinite, etc.


The Infinite: moche mais tellement bien écrit


En 2003, alors qu'il n'est pas réellement connu, il lance simultanément deux séries très différentes. Invincible, encore en collaboration avec Cory Walker qui se développera en plusieurs titres et un univers étendu que l'on pourrait qualifier de Kirkman-World (on en reparle très vite, c'est ma série préféré de tous les temps et elle mérite amplement une rubrique) et de l'autre Walking Dead, qui comme son nom l'indique met en scène des gens morts qui marchent.
Les deux seront d'énormes succès et continuent encore aujourd'hui.


La couverture du #1 par Tony Moore


Les dessins sont en noir et blanc. C'est un parti pris très intéressant dans un titre ou le sang rouge et la chair devraient apparaître abondamment mais il renforce le côté horrifique et gore de la série.
Le premier arc a été dessiné par l'ami de toujours Tony Moore et est magnifique de détails et de technicité.
Par la suite, c'est Charlie Adlard qui a repris en main les crayons pour donner un côté plus… ben crayonné justement qui met quelques numéros pour arriver à un résultat encore plus sombre qui colle parfaitement au style du récit.

L'histoire

Rick Grimmes est policier dans la petite ville de Cynthiana dans le Kentucky. Lors d'une fusillade, il est grièvement touché.
Fin de la première page.
Deuxième page: il se réveille plusieurs semaines plus tard dans un hôpital désert, abandonné. En explorant le bâtiment, il fait rapidement face à des corps humains décharnés mais mouvant.
Rick parvient à s'enfuir et va tenter de retrouver sa famille dans ce monde envahi par les zombies pendant son coma.


Ils sont (très) nombreux


Le postulat de départ est simple et similaire à tous les récits de zombies: survivre.
Sauf que cela ne suffit pas pour faire une histoire sur plusieurs dizaines de numéros. Sans trop en raconter, Kirkman va donc accompagner Rick d'une communauté de survivants, pour le meilleur mais surtout pour le pire.


Kirkman part d'un principe simple pour créer sa série. Il est fan de films de zombies mais il les trouve limités. À la fin, il y a une fin. Il veut savoir ce qu'il se passe après, comment les personnages vont continuer à vivre dans ce monde à jamais différent. Mais la limite qu'impose le cinéma peut-être contournée dans le comics. Tant que la série se vend et est publiée, il peut poursuivre ses histoires. Dans la postface du premier volume relié, il explique que si la série atteint les 100 numéros, il aura réussi son pari mais que cela ne signifiera pas la fin du récit. Pour lui, l'histoire ne devrait jamais s'arrêter.
Heureusement pour lui, les ventes lui permettent de continuer ainsi.

Étude du phénomène

À la sortie du premier numéro en octobre 2003, 7000 titres s'écoulent à la surprise générale de l'éditeur et des revendeurs. Le succès est immédiat et les ventes vont continuer d'évoluer positivement. En 2011, Walking Dead vend environ 34 000copies à chaque numéro alors qu'Invincible par exemple atteint péniblement les 16 000.



"Je vends peut-être moins mais moi, je peux voler et je me fais pas bouffer vivant"


Pour Image Comics, ces chiffres sont impressionnants mais pas fabuleux. Ce qui révèle vraiment la folie Walking Dead, ce sont les ventes de volumes reliés, également très élevées. D'habitude, les TPBs font une carrière honorable mais là, les ventes sur le long terme vont au delà des autres publications Marvel ou DC avec une moyenne de 20 000 ventes pour les Trade Paperbacks.
Par exemple, le Graphic Novel Superman : Earth One de J.M. Straczynski a été acheté 16 262 fois en octobre 2010, le mois suivant le volume 13 de Walkind Dead atteignait les 19 324.


Comment expliquer cet engouement autour de cette série?
D'abord, on pourrait expliquer cela par l'explosion des zombies au cinéma ou à la télévision. Le film 28 jours plus tard a participé à ce développement et à cette zombie-mania.
Les films de zombies existent depuis longtemps surtout grâce à la filmographie de George Romero et plus récemment avec la saga Evil Dead de Sam Raimi mais la popularisation de la culture geek au début des années 2000 a permis à certains genres de sortir de leurs circuits fermés et aux fans assidus d'horreurs d'assumer leurs goûts pour le sang et les monstres.


trop de zombies? Peut-être…


Dans un tel contexte, les zombies sont devenus une mode, au même point que les vampires actuellement, on en a vu beaucoup, et presque trop. Walking Dead s'est positionné très tôt avant cette folie et aurait pu s'arrêter après la retombée du soufflé mais les scénarios de Kirkman ont permis de tenir une qualité supérieure à chaque nouveau numéro.

En 2005. Marvel propose même à Kirkman de leur écrire une histoire de zombies avec leurs personnages. Un monde parallèle apparu dans Ultimate Fantastic Four est utilisé pour imaginer l'univers Marvel si les super-humains devenaient des zombies. Kirkman écrira trois très bons arcs, il ira très loin dans la parodie et l'humour avec ces histoires.


petit coup de coeur pour Wolverine

Voila encore une preuve de l'intérêt porté à ce genre.


Mais le principal attrait de la série, qui est aussi sa plus grande force, c'est de ne pas être uniquement une histoire de zombies. Cette situation sert à justifier la vie de cette communauté de survivants alors que le monde autour d'eux est hostile. L'origine de la contamination n'est d'ailleurs jamais expliquée et Kirkman assure qu'il ne la révélera jamais.


Quand la violence est absente…


Il se concentre sur les relations entre tous ces personnages, les histoires d'amours, les inimitiés, les problèmes de couples, la solitude de certains et la dépression des autres. Aucun des personnages n'est un héros au sens classique du terme. Rick est le leader du groupe mais ne maitrise pas plus la situation que les autres. tout ce qu'il souhaite, c'est donner à sa famille la sécurité qui leur permettra de vivre normalement.
Mais vivre normalement est impossible quand l'humanité entière veut vous dépecer et vous manger.


L'horreur au quotidien


Les drames s'enchaînent, certains plus violents que d'autres mais les morts ne cessent de s'additionner et au fil des numéros, les protagonistes s'enfoncent de plus en plus dans la folie et le danger ne vient plus seulement des monstres mais des humains eux-mêmes.

C'est ça le petit plus de la série. Les fans d'horreur ont leur dose de violence, de membres arrachés et décapitations et entre les scènes d'actions, on passe de personnage en personnage, de discussion en disputes, et on explore les psychés de chacun et on suit leurs évolutions au fil des jours, des semaines et des mois.


Un autre des atouts est incontestablement le dessin.
Quand on parle de comics, on pense super-héros et costumes bariolés. Walking Dead est à l'inverse de ce cliché, ce qui a pu amener un public peu habitué à acheter des bandes dessinées à acheter des singles ou des TPBs. Cela expliquerait d'ailleurs les ventes des volumes reliés.



Charlie Adlard: un story-telling magnifique

La série télé

Si vous n'avez pas vécu dans une cave sans Internet depuis plus d'un an, vous avez forcément entendu parler de l'adaptation télé de Walking Dead. Véritable phénomène médiatique, ceux qui ne connaissaient pas encore le comics ont pu découvrir l'histoire de Rick Grimes sur le petit écran avec une première saison de 6 épisodes diffusés par la chaîne AMC.




Robert Kirkman a activement participé à ce projet en aidant les scénaristes et en étant présent pendant certains tournages. L'homme à la tête de ce projet est Frank Darabont est un spécialiste de l'adaptation. il a mis en scène les films Les Évadés, La Ligne verte et The Mist, tous des livres de Stephen King au départ.
Son nom a rassuré les fans inquiets et promettait une adaptation fidèle et une série de premier choix.

La saison 1 a amené beaucoup de critiques de la part des fans, principalement parce que l'histoire originale n'était pas assez respectée selon eux. C'est vrai que de nombreuses libertés ont été prises mais c'est surtout l'ambiance et les relations entre les personnages trop peu explorées qui font que la série déçoit. On ne se sent pas aussi proche de Rick, Shane, Lori et les autres alors que c'est ce qui fait la force du comics.


des personnages assez fidèle physiquement


La saison 2 a rapidement été confirmée et sa diffusion commencera le 16 Octobre prochain mais elle est déjà sujet à de grandes inquiétudes.
D'abord les scénaristes de la saison 1 ont pour la plupart été remplacés. Mais en Juillet dernier, on apprenait le départ de Darabont alors que la saison était encore en cours de tournage. Que cet homme, qui portait le projet à bout de bras depuis le début quitte la série est révélateur que certains problèmes avec la production sont survenus. Apparemment, le budget aurait été réduit et ne permettrait pas de réaliser les 13 épisodes aussi bien que Darabont le souhaitait.

En tout cas, on est impatient de voir si la série aura un destin aussi long que son matériau d'origine…

Comment ça se lit?

Pour une fois, on va commencer par la VF. C'est Delcourt qui a décroché le pactole en achetant les droits et en publiant depuis 2007.


La couverture du tome #1


Mais l'éditeur français a mérité ce succès car la publication française pourrait faire penser que le titre est issu de la scène franco-belge. La parution et la distribution se font dans les réseaux habituels des bandes dessinés classiques et européennes et le lecteur lambda pourrait penser qu'il ne s'agit pas d'un comics.
On peut saluer cette initiative qui fait d'un comic-book un vrai succès commercial et critique en France où ce marché est peu développé.

Le quatorzième tome s'appelle Piégés et vient de sortir, ce 28 Septembre. Si vous souhaitez voir notre avis ou donner le votre sur les différents numéros déjà sortis, je vous invite à vous rendre dans la section "COMICS" ou les 13 premiers recueil n'attendent que vos critiques.


Pour la VO, vous avez le choix.
Les singles sortent régulièrement et depuis peu, Walking Dead Weekly (qui comme son nom l'indique sort chaque semaine) permet de rattraper un éventuel retard dans les parutions.
Vous avez ensuite les TPBs qui regroupent chacun un arc narratif pour une dizaine d'euros. Les éditions Delcourt reprennent ce format pour leur collection française.
Notez aussi qu'un Compendium existe aussi et regroupe en un seul volume à couverture souple les 48 premiers numéros de la série, soit près de 1000 pages pour à peu près 40€ sur Internet.


L'édition ultime: L'omnibus


Enfin vous avez un large choix d'éditions de luxe avec les hardcovers classique qui regroupe 12 numéros pour une vingtaine d'euros chacun ou alors les omnibus dans un coffret qui en contiennent 24 pour 50€.



Voilà, vous avez le choix pour lire cette excellent série de Robert "dieu" Kirkman qui a la particularité de mettre tous les lecteurs de BDs du monde d'accord, qu'ils soient américains ou européens (ce qui est plutôt rare).


C'est tout pour cette semaine, On se retrouve dans quinze jours. D'ici là, les anciens numéros restent accessibles à ces adresses:

Other Comics #1 [22/11/2010]

Other Comics #2 : Vous êtes rebelle et indépendant

Other Comics #3 : The Green Hornet

Other Comics #4 : Spawn

Other Comics #5 : Planetary

Other Comics #6 : The Darkness

Other Comics #7 : Tony Chu

Other Comics #8 : Powers

Other Comics #9 : ABC

Other Comics #10: Transmetropolitan

Other Comics #11: Scott Pilgrim

Other Comics #12: Y Le dernier homme

Other Comics #13: Buffy The Vampire Slayer

Other Comics #14: Star Wars

Other Comics #15: La Tour Sombre

Other Comics #16: The Rocketeer

Other Comics #17: Nextmen

Other Comics #18: The Authority