MDCU a eu la chance d'assister il y a quelques jours à une présentation du prochain film du studio Disney : John Carter. Retour sur un film qui pourrait en surprendre plus d'un...
Est-ce que vous avez déjà remarqué que, de nos jours, il était de plus en plus difficile de proposer une histoire de fiction originale ? A chaque nouvelle œuvre, le public ne manque pas de comparer ce qu'il a sous les yeux avec ce qui a été fait avant. Qui a copié qui, telle est la question. Il existe dans l'imaginaire collectif une histoire célèbre que chacun d'entre nous pourrait raconter au coin du feu : il était une fois un héros qui découvre un pays/une planète. Il va sauver une princesse, son peuple et au final monter sur le trône. C'est du réchauffé de nos jours, de nombreux films et même téléfilms recyclent ce synopsis de base à toutes les sauces. On pourrait faire une liste longue comme un bras de scènes clichés encrées dans la culture populaire comme « le passage où le héros deviens ami avec un guerrier extraterrestre », «le moment où il est choisi comme le champion du peuple oppressé », « le moment où il tombe amoureux de cette culture », etc....
Le problème avec un film comme John Carter, c'est qu'il semble rassembler tous ces poncifs, un peu comme s'il faisait exprès. D'ailleurs, on a pu lire un peu partout sur le net que ce film ne serait qu'un mix entre Gladiator, Star Wars, Avatar, Conan, Pirates des caraïbes, etc.... Si on compare certaines scènes présentées dans la bande annonce, c'est foutu, ce film n'est juste qu'un cocktail de bonnes idées déjà vu ailleurs. A quoi bon donc faire un article là-dessus ? Bon j'avoue Alex m'a forcé, il a voulu que je prenne un jour de congé pour aller à cette présentation en mode « tu rends compte, c'est les studios Disney, MDCU va devenir célèbre au States !!!!! ». Mon premier réflexe a été de me dire que ça faisait partie du taff, faut se sacrifier pour la cause....Naaaan, je déconne, j'étais super excité. Pourquoi ? Regardez cette bande annonce :
Quand j'ai vu cette vidéo, je me suis dis que ce film pouvait être LA surprise du début de l'année 2012 (j'ai bien dis surprise, il y a des films comme AVENGERS qui eux n'ont pas le droit à l'erreur). Un bon mix entre l'aventure, l'action, la romance et des effets spéciaux sympa. En outre, entre le réalisateur et les acteurs, le casting semble être réussi. Cette présentation par le studio était donc un test pour moi et elle n'a fait que renforcer mon attente. Malheureusement, comme je l'ai déjà dis, certains spectateurs ont déjà catégorisé ce film, avant de l'avoir vu, comme une copie des plus grands classiques du cinéma. Je les comprends pour les raisons évoquées plus haut. Heureusement, John Carter n'est pas un film comme les autres pour d'autres raisons.
Si il y a bien un film qu'on ne peut accuser de plagiat, c'est bien lui car c'est une adaptation d'une œuvre centenaire. A la base, John Carter est une série de romans écrits par le papa de Tarzan, Edgar Rice Burroughs. John Carter of Mars est apparu pour la première fois en 1912 dans un magazine mais n'a eu les honneurs d'une sortie en recueil qu'après le succès de Tarzan. Les deux personnages sont si proches et si opposés à la fois. Alors que Tarzan accueil le lecteur dans sa jungle, John découvre Mars en même temps que nous. Cependant, ils sont tous les deux acceptés parmi les indigènes pour devenir le protecteur de ces environnements. Toutefois, là où Tarzan passe pour le héros éphèbe qui peut être un Lord dans notre société, John est un anti-héros qui trouve la rédemption sur Mars. Il y a une noirceur en John qui en fait un personnage beaucoup moins lisse que Tarzan. Par ailleurs, John n'est pas l'unique héros de cette saga et ils n'apparait pas dans tous les romans. En effet, c'est vraiment Mars qui est au centre de l'histoire. Barsoom est le nom qui a été donné à cette vision de la planète où John n'est qu'un maillon de la tragédie qui s'y déroule. Une partie du charme de cette œuvre vient donc de la découverte de la civilisation alien.
Vu que l'histoire date de 100 ans, elle a eu le temps d'inspirer des légions de scénaristes. Sortir le film aujourd'hui présente donc l'inconvénient de s'exposer à un certain manque d'originalité. Le scénario a été modifié comme on le verra plus tard mais les moments clés de cette oeuvre ont déjà été vu ailleurs. C'est un point important à intégrer avant d'aller plus loin dans la découverte de ce film : le but est de rendre hommage à cette oeuvre pionnière et de savourer l'essence même d'une grande aventure fantastique.
Je vois déjà certains d'entre vous se demander pourquoi on vous parle d'une œuvre qui n'est pas liée aux comics. Aux USA, le comic-book n'est pas un média isolé, bien au contraire. Il prend sa source dans la culture populaire et John Carter fait partie de la vague d'œuvres de science-fiction de la seconde partie du 19ème/début du 20ème siècle. John est un des précurseurs des sérials radio et TV qui sont eux-même des précurseurs des super-héros. Bien avant les Superman, Batman, Wolverine et autre Spider-Man, on avait des personnages comme The Green Hornet ou The Lone Ranger, des héros de pulps. Zorro, Tarzan, Buck Rogers, autant de personnages qui incarnent l'aventure ou la résistance contre l'oppression et le crime. Ainsi, John Carter est un Ancien soldat de la guerre de Sécession qui va se retrouver propulser sur Mars. C'est donc un contemporain du lecteur à l'époque de sa publication (la guerre a pris fin il y a 50 ans, les papys racontaient leurs exploits ou l'horreur de la guerre aux enfants) qui va à la rencontre d'un mystère de l'époque : Mars est-elle habitée ? La Guerre des Mondes, chef-d'œuvre de H.G. Wells, n'a été publié que 15 ans avant en Angleterre. Cette fois, ce n'est pas la Terre qui est envahie mais Mars qui est visitée. La science n'avait pas encore prouvée que Mars n'a pas d'atmosphère et les auteurs de l'époque s'amusaient à imaginer des civilisation extraterrestres.
John Carter est donc un élément à part entière de la culture populaire aux USA. En France, Tarzan est célèbre mais son camarade est un grand inconnu. J'ai bien essayé de me procurer un de ces romans dans les librairies mais c'est presque impossible. Il existe bien sûr une traduction en français de cette œuvre mais c'est une véritable gageure pour mettre la main dessus. Si le personnage vous intéresse, vous aurez plus de chance de tomber sur un comic-book. Là encore, John a participé à l'histoire de cette industrie mais jamais de façon stable. Il a papillonné entre DC (un featuring auprès de Tarzan), Marvel (31 épisodes dans sa propre série avec une coupe de cheveu culte), Dark Horse (une mini-série avec Tarzan, sinon c'est pas marrant) et enfin Dynamite Entertainment il y a peu. Chez cet éditeur, qui a l'habitude de lancer des séries sur des héros « oubliés » ou surtout tombés dans le domaine public, que le héros a été relancé sous le nom de Warlord of Mars (Seigneur de guerre de Mars). C'est en tant que « icône SF de la découverte d'une planète inconnue » que John a pu avoir sa propre série. C'est aussi l'essence même de l'évolution personnage, celle du guerrier qui devient le protecteur de la planète Mars, qui est mise en avant. Fin 2011, Marvel a lancé deux comic-books basés sur le film (Disney est le propriétaire de Marvel pour rappel) avec Peter David, scénariste réputé de la firme habitué aux adaptations.
Vous l'aurez compris, ce héros n'est pas sorti de nulle part et n'est pas juste une sorte de « Jack Sparrow de l'espace ». Lors de la présentation du film, le producteur a révélé qu'il avait déjà travaillé dans les années 80 sur un projet de film sur ce héros avec Tom Cruise au casting. Cependant, la technologie n'était pas assez avancée d'après eux pour proposer une représentation satisfaisante des aliens notamment. Des costumes avaient été imaginés mais le résultat ne fut pas concluant et le projet a été abandonné. Quand on voit le résultat actuel, on se dit qu'on a bien fait d'attendre. En effet, la production actuelle offre à cette œuvre un coup d'éclairage à la hauteur des blockbusters américains (on parle de 250 millions de dollars de budget !).
Après un énième épisode de la saga des Pirates, le public va découvrir une nouvelle franchise. Échaudé après le traitement du Prince de Perse (no comment) et le semi-échec du renouveau de Tron (qui est dans mon Top 5 des meilleurs films 2011 mais il faut avouer que, commercialement, ça n'a pas été un énorme succès), le spectateur découvre avec John une sorte de cousin du Prince. Regardez ces deux images :
Le Prince de Perse
John Carter
Si la première bande annonce est une jolie claque visuelle, le synopsis peut refroidir les ardeurs de certains comme je l'ai déjà évoqué car il semble fort classique :
« L’ancien capitaine John Carter, las de la guerre civile qui ravage les Etats-Unis en cette fin de XIXe siècle, se trouve mystérieusement envoyé sur la planète Barsoom, où il se laisse entraîner malgré lui dans un terrible conflit entre Tars Tarkas et la fascinante princesse Dejah Thoris. Dans un monde au bord du gouffre, Carter redécouvre son humanité en prenant conscience que la survie de cette planète et de ses habitants est entre ses mains ».
Cependant, la présentation du film par Disney a remis les pendules à l'heure. Oui, ce film arrive un peu tard (Star Wars par exemple a tout piqué et je dis ça en tant que fan de la Force) mais il n'arrive pas naïvement sur nos écrans. Les scénaristes ont compilé les 3 premiers volumes de la saga pour donner plus d'épaisseur au film. En effet, comme de nombreuses œuvres de l'époque, l'histoire du premier tome est légère comparée aux standards actuels. Le film reprend donc des personnages et intrigues des tomes suivants pour proposer une histoire plus dense. On n'aura pas besoin d'attendre une suite pour découvrir la mythologie de Barsoom, le film se suffit à lui seul à la différence des romans.
En ce qui concerne le casting, on est en terrain connu pour tout geek qui se respecte. Willem Dafoe (Norman Osborn dans Spider-Man) est le camarade d'aventure de John, c'est un guerrier Thark, tout comme Thomas Haden Church (l'Homme Sable dans Spider-Man). Les Thark sont ces êtres à la peau verte joués en motion capture, effet est assez réussi. Du coté des acteurs « qui gardent leur tête d'humains », on a Dominic West (300 et Punisher), le duo d'acteurs de l'incroyable série ROME de HBO James Purefoy (il jouait Marc Antoine) et Ciarán Hinds (il jouait César), Bryan Lee Cranston (le héros de Malcom et Breaking Bad) et enfin le désormais célèbre Mark Strong (Kick-Ass et Green Lantern). Il va sans dire que tous ces acteurs ont de nombreux autres bons rôles à leur actif, ce qui laisse à penser que cette partie là du film sera réussie, un bon supporting cast étant toujours nécessaire. En ce qui concerne les deux rôles principaux, ils ont été confiés à deux acteurs adeptes du petit écran qui ont la particularité d'avoir participé tous les deux au film Wolverine (ouais, cette bouse infâme). Lynn Collins jouait Silverfox, l'amour de Wolverine. Elle sera ici la fameuse princesse de Mars, Dejah Thoris. Quand à John, il est incarné par Taylor Kitsch, le gars qui jouait Gambit. Il fut une des stars de la série Friday Night Lights, grand succès critique de ces dernières années. Je fais partie de ceux qui préfèrent un héros au visage inconnu ou peu connu pour plus facilement s'identifier, quitte à avoir une brochette de tête connues autour comme c'est le cas ici. Ce qui a l'air bien avec Taylor Kitsch, c'est qu'il peut alterner entre un air cabotin et un visage de guerrier prêt à massacrer toute une planète. Il risque d'en avoir besoin....
Tout ce petit monde est dirigé par Andrew Stanton. Vous ne le connaissez pas ? Si je vous dis qu'il a réalisé Nemo et Wall-E chez Pixar et qu'il a co-écrit la trilogie Toy Story, ça vous va ? Moi oui ! Il sait maîtriser les films à gros budget proposant des aventures fantastiques. En revanche, c'est sa première réalisation en live mais il est épaulé par les très bons Daniel Mindel (directeur de la photographie de Mission Impossible 3 et Star Trek par J.J. Abrams) et Michael Giacchino (compositeur sur Là-Haut, Ratatouille et Les Indestructibles). A ce sujet, les extraits présentés par le producteur ont confirmé l'importance de la musique pour souligner à certains moments le comique de situation ou l'émotion. Eh oui, ça reste un film grand public qui va nous faire monter petit à petit la tension pour un grand final explosif. La qualité du film dépendra de son rythme et du dosage entre scènes d'actions et moments plus légers.
A ce jour, nous n'avons pas encore eu la chance de voir le film dans sa version finale. A un mois de la sortie, il reste donc encore pleins d'éléments à élucider et ce n'est pas les 5 extraits qu'on nous a présenté qui vont me permettre de juger le film. Toutefois, il m'a semblé que l'équipe derrière cette production Disney n'a pas chercher à respecter scrupuleusement le matériel original comme des fans béas mais a plutôt voulu dépoussiérer l’œuvre pour l'adapter aux standards actuels. Ils ont pris en compte l'écart qui nous séparait de la publication originale et se sont évertués à construire, autour de l'histoire de base qui est classique mais efficace, une magnifique reproduction de Barsoom. Les extraits sonnaient juste et l'histoire, racontée par le producteur entre chaque extrait, semblait cohérente avec plusieurs moments savoureux. A titre personnel, j'ai donc été convaincu et j'ai vraiment hâte de voir ce film. Le débat sur l'absence d'originalité est futile vu qu'il s'agit d'une oeuvre centenaire. Il est plus intéressant de se concentrer sur le résultat pour espérer avoir un cocktail final efficace. Je serais vraiment déçu si la qualité n'est pas au rendez-vous car il me semble que tous les ingrédients sont là pour passer un agréable moment.
Alors, si vous avez envie de suivre une grande aventure fantastique, vous aurez le 7 mars l'occasion de découvrir cette planète sous un nouvel angle. Ce ne sera peut être pas un monstre d'originalité à la Star Wars mais ça pourrait être un voyage passionnant. Qui a dit qu'on ne pouvait plus proposer une bonne histoire en 2012 ? Pas moi.
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Je m'étais pas intéressé à ce point à l'histoire original, merci pour le rappel historique. J'avais déjà envie d'aller le voir mais là je pense que je vais y aller sans trop d’hésitation maintenant.
Sinon petite erreur : Mars possède une atmosphère mais elle est simplement très fine (moins de 10 mètres) et avec cette composition on serait incapable d'y vivre. (d'après mes souvenirs de bac S)
Très bon article, comme souvent.
A quand le nouveau numéro du mag ?
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